Deux télescopes spatiaux canadiens exceptionnellement petits et économiques lancés aujourd’hui

20140619Ces nanosatellites formeront une constellation unique qui permettra de mieux comprendre les cycles de formation stellaire et de recyclage de la matière dans notre Univers.

Sous la direction scientifique du professeur Anthony Moffat, du Département de physique de l’Université de Montréal et du Centre de recherche en astrophysique du Québec, une équipe canadienne a mis en orbite aujourd’hui à 15 h 11 min 11 s, depuis Yasny en Russie, des « nanosatellites ». De la taille et du poids d’une batterie de voiture, ces nanosatellites, qui ont couté beaucoup moins cher que les télescopes conventionnels, font partie d’un groupe de six nanosatellites qui recueilleront des images pour approfondir les connaissances sur la structure et l’évolution d’étoiles les plus lumineuses de notre ciel nocturne.

Cette constellation de nanosatellites, connue sous le nom de BRITE (pour BRIght Target Explorer), pourra contribuer de façon unique à la connaissance des origines du Soleil et même de la Terre. La Constellation-BRITE mesurera, sur de longues périodes de temps, les variations d’éclat et de couleur de la plupart des étoiles les plus brillantes visibles à l’œil nu. Ces étoiles qui comptent parmi les plus massives et les plus lumineuses de la Galaxie, sont souvent les précurseurs d’une explosion de supernovae.
« Ce projet permettra des avancées sans précédent dans notre compréhension de ces étoiles et des cycles de vie des générations actuelles et futures », a déclaré le professeur Moffat, le responsable scientifique de mission pour la contribution canadienne à la Constellation-BRITE et président actuel de l’équipe internationale chargée de la direction scientifique du projet.

Les étoiles lumineuses dominent les phases de « recyclage » de matière stellaire de l’Univers.

« Au cours de leur existence relativement brève, les étoiles lumineuses massives évacuent progressivement des gaz enrichis dans le milieu interstellaire, ce qui ajoute des éléments lourds essentiels à la formation d’étoiles, de planètes telluriques et de composés organiques. Au moment de leur fin de vie spectaculaire comme les explosions de supernovae, les étoiles massives injectent avec violence des éléments encore plus importants dans le mélange. La première génération d’étoiles massives de l’histoire de l’Univers pourrait avoir jeté les bases de l’évolution stellaire. Pourtant, ces astres qui tournent rapidement et affichent une pression de radiation qui résiste à la gravité sont sans doute parmi ceux que nous comprenons le moins, bien qu’ils soient les plus brillants des constellations bien connues du ciel nocturne, » poursuit le professeur Moffat.

Les autres étoiles moins massives, y compris celles qui ressemblent au Soleil, contribuent aussi à ce recyclage de matière dans une galaxie, mais uniquement à la fin de leur vie lorsqu’elles émettent une luminosité mille fois plus intense et qu’elles perdent leurs couches externes ténues.

La Constellation-BRITE est un projet multinational qui repose sur la technologie spatiale canadienne innovante et un partenariat équitable avec des chercheurs du secteur spatial autrichiens et polonais. Pour ce projet, les trois pays sont des partenaires égaux. La participation du Canada a été rendue possible grâce à un investissement de 4,07 M$ de l’Agence spatiale canadienne. Les deux nouveaux satellites canadiens rejoignent deux satellites autrichiens et un satellite polonais qui sont déjà en orbite ; le dernier satellite polonais sera envoyé en orbite en août.

Les six satellites ont été conçus par le Laboratoire de vol spatial de l’Institut d’études aérospatiales de l’Université de Toronto (UTIAS-SFL), lequel a également construit les deux satellites canadiens. Ces derniers sont en effet nommés « BRITE Toronto » et « BRITE Montréal » en honneur de l’Université de Toronto et l’Université de Montréal, les deux institutions ayant joué un rôle clé dans la mission.

« La Constellation-BRITE exploitera et renforcera les récentes avancées du Canada en matière de commande d’attitude de précision pour la science spatiale en utilisant des astronefs miniatures peu coûteux. Ceci permet des retombées scientifiques qui autrement auraient exigé des investissements 10 à 100 fois supérieurs. Il s’agira du premier réseau de satellites entièrement voué à une problématique fondamentale de l’astrophysique, » explique le professeur Moffat. Les nanosatellites pourront explorer une multitude de questions liées à l’astrophysique. « La Constellation-BRITE pourra autant détecter les transits d’exoplanètes autour d’autres étoiles, facilitant ainsi la compréhension de notre propre système solaire, que les oscillations des étoiles géantes rouges, permettant ainsi de tester et de perfectionner nos modèles d’évolution du Soleil. »

Cette mise en orbite est une excellente nouvelle pour la recherche spatiale canadienne et ses applications. D’une part, la Constellation-BRITE permettra à l’industrie aérospatiale et au milieu scientifique canadiens d’asseoir davantage leurs positions déjà dominantes en matière de technologies de petits satellites et d’astrophysique stellaire. D’autre part, comme le projet scientifique cible les étoiles les plus brillantes et donc visibles à l’œil nu, les chercheurs prévoient qu’il touchera un public plus large y compris les citadins – privés de étoiles les plus faibles à cause de la pollution lumineuse – et en particulier les enfants et les adolescents.

Remarques
Anthony Moffat est un professeur émérite du Département de physique de l’Université de Montréal. Il est membre du CRAQ ainsi que de la Société royale du Canada depuis 2001 et responsable scientifique de mission pour la contribution canadienne à la constellation BRITE.

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Images haute résolution de qualité photo disponibles sur demande. Source : UTIAS – Space Flight Laboratory.

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